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Vanessa Feuillatte : « La danse représente pour moi l’essence de la vie »

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Désormais Chevalière de l’Ordre des Arts et des Lettres, la première danseuse de l’Opéra National de Bordeaux est passionnée par son métier, habitée par la danse depuis son plus jeune âge. Depuis toujours, Bordeaux est sa grande histoire d’amour, la capitale girondine est tout autant la ville où elle a rencontré son mari, fondé son foyer, et où elle brille sur la scène de l’opéra. Rencontre avec une femme accomplie. Claire Mayer

 

Vous venez d’être nommée Chevalière de l’Ordre des Arts et des Lettres, cela signifie quoi pour vous ?

Lorsque vous ouvrez votre boîte aux lettres un samedi matin et que vous découvrez un courrier de la ministre de la Culture qui vous nomme, c’est le choc. C’est avant tout une distinction nationale qui vient saluer mon engagement personnel pour mon art et l’action que je mène au quotidien auprès du public bordelais, de mes élèves dans les académies et des associations que j’aide au maximum de ce que mon emploi du temps me le permet. Je le prends comme un honneur et je remercie tous ceux qui m’ont permis d’en arriver là.

 

Pourquoi avoir choisi la danse et l’opéra ? Que représente ce moyen d’expression pour vous ? 

J’ai commencé la danse à trois ans et j’ai vu mes premiers ballets à l’Opéra Garnier à Paris grâce à ma grand-mère dès mes cinq ans. Et assez paradoxalement, je suis devenue danseuse par amour pour la musique et pour l’interprétation. La danse représente pour moi l’essence de la vie. Nous avons quatre enfants avec mon mari et nous avons toujours constaté que dès qu’un enfant s’éveille au monde, les deux premières choses qui l’amusent et le rendent naturellement heureux, c’est de faire rouler un ballon et de danser dès qu’il y a de la musique. La danse et le foot sont universels, et moi j’ai choisi la danse ! (rires)

 

Comment avez-vous vu évoluer votre métier depuis vos débuts ? 

J’ai été à l’école la plus prestigieuse et la plus difficile du monde, l’École de l’Opéra de Paris, et ce qui a évolué dans mon métier depuis mes débuts, c’est surtout moi : quand vous êtes une jeune élève, c’est-à-dire entre trois ans et 30 ans, même à raison de huit heures de danse par jour, cinq jours sur sept, vous restez une élève qui continue d’être obnubilée par la perfection de la technique et du geste parfait, surtout quand vous avez reçu cet enseignement de l’école française. Mais la danse n’est pas un sport, c’est un Art, et personnellement, c’est juste à partir de mes 30 ans, lorsque paradoxalement le corps a trop encaissé pendant ces longues années d’apprentissage et que vous commencez à fatiguer plus rapidement, que vos temps de chauffe, d’assouplissement et de préparation doivent nécessairement se prolonger pour éviter les blessures. C’est à partir de ce moment-là que l’artistique, le jeu, l’incarnation des rôles prennent le pas sur la technique pure. Les spectateurs qui viennent voir un ballet sont majoritairement des profanes et notre rôle est de les distraire et si possible de les émouvoir. Je continue donc chaque jour des entraînements physiques intenses pour garder le niveau mais les automatismes sont là et je sais ce que j’ai à faire et comment le faire, ma quête et mon plaisir personnels sont maintenant de travailler des rôles et d’explorer de nouveaux univers avec les chorégraphes avec qui je collabore.

 

Pourquoi avoir choisi Bordeaux pour poursuivre votre carrière ? 

Je suis certes née à Paris mais du côté de ma maman, nous sommes du bassin d’Arcachon. J’ai grandi au Cap-Ferret, au Canon exactement où j’ai tous mes souvenirs d’enfance. À 17 ans, j’ai été choisie simultanément à l’École du Royal Ballet à Londres, au New York City Ballet avec Benjamin Millepied qui m’avait demandé de venir auditionner (pour l’anecdote, enfants, nous étions voisins avec ses grands parents au Cap-Ferret), mais aussi aux Cours Florent à Paris et… à l’Opéra National de Bordeaux. Je n’avais pas encore mon bac et c’était ma seule condition d’embauche. Bordeaux, c’est donc ma vie d’enfant et ma vie d’adulte. Une vraie histoire d’amour depuis toujours.

 

Que représente la capitale girondine pour vous ?

Après 21 ans de carrière ininterrompue à Bordeaux, plus de 1000 représentations sur la scène du Grand Théâtre et en tournée en France et dans le monde, deux académies de danse avec un peu plus de 700 élèves et une vingtaine de Sport-Études, Bordeaux est ma vie, Bordeaux est ma ville. J’y ai trouvé mon mari, mes amis, j’y ai eu mes enfants et mon épanouissement personnel. Je serai donc éternellement reconnaissante à cette ville qui m’a tout donné, avec un public qui m’a toujours majoritairement soutenue et encouragée malgré les épreuves et les obstacles et parfois des vents contraires. La vie n’est pas un conte de fées, mais il faut tout faire pour la rendre la plus merveilleuse possible en travaillant honnêtement, une valeur chère à mes yeux, sans doute essentielle.



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