C’est Jérémie Ballarin, chargé de coordination du projet de la Cité Bleue qui nous reçoit pour un tour du propriétaire de ces 7 hectares dont 40 000 m2 de bâti au cœur de Bacalan. En pleine gestation du projet qu’il porte, il nous raconte l’avenir de ce lieu ancré dans son quartier et qui grandit comme une famille recomposée. Charlotte Saric

Si le site se nomme la Cité Bleue c’est parce que pendant longtemps, le matin à  l’heure de l’embauche et le soir à celle de la débauche, des centaines d’ouvriers, et donc une nuée de bleus de travail empruntaient la rue Achard pour s’y rendre. C’est donc en hommage à ces travailleurs d’hier qui ont modelé un quartier à leur image, que la famille Brest Gaubaste a décidé de baptiser sa renaissance “Cité Bleue”.

Usine, Z.A puis Cité Bleue

Hier donc des ouvriers, ceux de la raffinerie de sucre Béghin Say, qui a été en activité de 1840 à 1984 et qui ont modelé le quartier en une zone populaire, vivante et cosmopolite. À la fermeture de l’usine, ce sont Françoise et Jean-Louis Brest Gaubaste qui rachètent le site et le transforment en zone d’activité assez dynamique puisqu’en 2022 on comptait 200 travailleurs sur site pour 70 entreprises ou associations locataires. Ces dernières sont diverses et variées et la majorité, installées depuis plus de 9 ans. On y retrouve la Régie de quartier Bacalan, l’amicale laïque de Bacalan, la Criée de Jo, Les Nouveaux Potagers, Casa Gaïa, Art2Bois, Lab Acoustics, Menuiserie Sarraud Frères, le Garage Moderne, La Fondation Abbé Pierre, Toutes à l’Abri, WeJob, Mexicana, Objectif Lumière, Crazy.R, le Festin ou le TNBA… Entre autre énumération non exhaustive ! Ce sont tout à la fois des commerçants, un réseau au service de l’emploi et de la formation, de la culture et des idées, des faiseurs qui fabriquent et créent et des circuits courts pour produire local.

Territoire

“C’est à l’échelle du bout de quartier et non du tiers lieu” qu’est pensé le site. Une grande consultation des riverains et des entreprises présentes a été menée pour savoir ce qu’ils attendaient de cette réinvention du lieu. Le postulat, c’est de partir du territoire, de penser avec le territoire pour le territoire. D’aucuns ont été déçus des Bassins à Flots qui n’ont pas su intégrer leurs voisins, où les commerces sont trop chers, où la vie de quartier ne s’est pas créée. Alors, à la Cité Bleue, pendant plus de six mois, une mission de conseil a été menée, afin de préfigurer ce que doit être le site demain, et ses besoins. Ce sont dessiné trois grands axes de vie à la Cité Bleue. D’abord un volet d’insertion emploi, ensuite une coopération économique avec les entreprises sur site et pour finir de l’espace pour vivre ensemble, un endroit de fédération. Cela commence dès à présent avec des apéros tous les premiers jeudis du mois ou des évènements de quartier comme la Cité Bleue en Fête. Des moments propices à ce que tous se rencontrent, travailleurs, riverains et bordelais dans leur ensemble.

2027, c’est demain

D’aujourd’hui à 2027, la Cité Bleue sera dans une phase d’expérimentation où le vieux bébé qu’elle est déjà va doucement grandir et s’armer pour devenir un adulte épanoui. Elle va mûrir dans, en quelque sorte, une famille recomposée. Demi-frères et sœurs que sont les entreprises et artisans qui sont déjà depuis longtemps sur site, ceux qui viendront s’y installer demain. Avec aussi ceux qui sont encore un peu frileux sur la réinvention du site, avec ceux qui sont enthousiastes. Mais qui, tous ensemble, convergent sur une logique économique, sociale et solidaire. Jérémie Ballarin était d’ailleurs l’un des fondateurs de Wanted dont le mantra était “jamais solitaire, toujours solidaires” et l’on retrouve un peu de cet esprit ici. Il a également été aux manettes du Rado, ce qui lui a permis d’humer ce quartier depuis déjà quelques années.

Au cours de la pérégrination dans le lieu, il salue chacun des résidents qu’il croise, qu’il connaît par leur nom, dont il connaît sur le bout des doigts les activités et se prend à confier et à rêver une ouverture du site sur les berges de la Garonne, et que demain les bordelais puissent s’y retrouver pour travailler, pour la convivialité et de sans doute créer un lieu rêvé, un lieu radieux, un lieu pour tous les bordelais.

176 rue Achard 33300 Bordeaux

www.cite-bleue.fr

Du lundi au vendredi de 6h à 19h30

Samedi 6h à 1h30