La Chemise Club : chemiserie créative et fédératrice
La Chemise Club, c’est la rencontre entre le textile revalorisé et différentes disciplines artistiques. Un projet associatif bordelais, social et inclusif, qui éveille les consciences de manière ludique et détournée. Marion Ruaud
Fabrique Pola, mi-avril, en bord de Garonne. C’est entre deux éclaircies (et beaucoup de vent) qu’Andrée Berra revient sur la création de la Chemise Club, il y a trois ans. Après avoir travaillé dans le milieu de la librairie, elle se reconvertit. À travers la chemise, cette passionnée de vintage, originaire du Pays basque, s’engage pour une consommation responsable, 100 % seconde main, et pour la promotion d’une scène artistique variée : « J’essaie de créer du lien autour de ces centres d’intérêt en privilégiant un angle ludique et fun », révèle Andrée Berra. La Chemise Club participe et organise des événements basés sur une logique de partenariats. Sa fondatrice a aussi créé un site internet et ouvert un shop à Saint-Michel, qui fête ses deux ans en juin.
Environnement 100 % vintage
Rue Saint-François, le local est atypique. Un couloir de treize mètres de long sur quatre niveaux, qui attire aussi bien les mordus de vintage que les touristes. Une ancienne librairie d’occasion, comme un clin d’œil à sa vie d’avant : « La boucle est archi bouclée », plaisante Andrée. À chaque niveau, sa fonction. Un étage est dédié aux chemises chinées manches courtes, l’autre aux manches longues. « La sélection est non genrée, il n’y a pas un étage pour femme, un pour homme. » Au dernier, « un atelier biscornu » est consacré à la partie création, avec le lancement de la Chemise Club Studio, en septembre dernier. Une collection upcyclée à partir de tissus vintage chinés – draps, nappes – réalisée par l’équipe. « On maîtrise tout de A à Z : de la confection au shooting », détaille Andrée.
Ce shop, c’est le point de départ de plusieurs collaborations et d’une programmation culturelle éclectique. Dernièrement, dans le cadre de l’exposition Txatarra (« vieilleries », en basque) à la Fabrique Pola, la Chemise Club Studio et l’artiste Charlie Aubry ont travaillé main dans la main. Andrée Berra et son équipe ont imaginé une collection à partir des chutes de tissus de l’œuvre d’art du plasticien : « Une connexion intéressante qui nous permet aussi de faire de la médiation auprès du public », précise la jeune femme.
Inclusivité et bienveillance
Un lundi par mois, la Chemise Club organise un cours d’aérobic à la salle Barbey. Huit euros pour transpirer en legging fluo vintage. La chorégraphie est signée Pearl, un des danseurs pros du collectif bordelais La Sueur. « On ressort de là avec les batteries rechargées à bloc », avoue Andrée Berra. Un moment inclusif et bienveillant qui colle aux valeurs de l’association.
La Chemise Club lutte également contre les discriminations liées au genre et aux orientations sexuelles. « On essaie d’être un lieu accueillant et d’ouvrir le dialogue. C’est hyper important pour nous ! », confie la fondatrice. Les questions de surconsommation, de genre dans le sport, par exemple, sont des fils qu’elle aime tirer, sans jamais tomber dans le côté moralisateur.
Aux frontières des années 90
Le 4 juillet, la Chemise Club collaborera avec Sarah, fondatrice de la marque Hulala, qui crée des accessoires à partir de serviettes de bain recyclées. « On va chiner des serviettes old school, années 90/2000, avec des dauphins ou à l’effigie de la série Charmed. » Pour l’occasion, la rue Saint-François deviendra piétonne, « ambiance Hawaï à Saint-Mich ».
Entre le club d’aérobic qui connaît un succès grandissant et les cinés-clubs, les projets culturels ne manquent pas. Comme en avril, lors de la soirée “Deli Ciné Club”, consacrée à une des séries cultes des années 90 : Twin Peaks, réalisée par David Lynch. En septembre, sur la même formule, une soirée X-Files est dans les tuyaux, avec projection du premier épisode. « C’est l’occasion de commencer la série ici et de la continuer chez soi. » À travers ces projections gratuites, Andrée Berra souhaite rendre accessibles des références de la pop culture. Des thématiques fédératrices qui rassemblent et mixent les générations.