Atelier 2tonnes : un acteur de la transition écologique
« 2tonnes » est un atelier immersif pensé pour explorer le futur. Pendant trois heures, sous forme de jeu, les participants devront réduire leur bilan carbone à deux tonnes par habitant et par an, d’ici 2050. Une expérience pédagogique au service de la transition écologique. Marion Ruaud
« Dans 1h30, on sera en 2050 ! », lance Eloi Choplin, animateur professionnel 2tonnes. Autour de la table, une dizaine de participants. Le concept ? Imaginer un scénario de transition écologique jusqu’en 2050 et respecter les engagements de l’Accord de Paris sur le climat. Pour limiter la hausse de la température en deçà de deux degrés d’ici la fin du siècle, les citoyens devraient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à deux tonnes d’équivalent CO2, par an et par habitant d’ici 2050. « Aujourd’hui, un Français émet en moyenne 9,5 tonnes de CO2 », rapporte Pierre-Alix Lloret-Bavai, co-fondateur de l’association et l’entreprise 2tonnes.
En équipe, pendant trois heures, les participants imaginent un scénario jusqu’en 2050. Ils mettent en place des actions concrètes pour baisser leur empreinte carbone individuelle et diviser par deux, trois, voire quatre, celle à l’échelle nationale. Depuis le lancement, en 2019, 140 000 personnes ont participé aux ateliers, animés par 7 500 hommes et femmes, en France et dans une trentaine de pays.
Transmettre, éduquer et s’engager
C’est le cas d’Éloi Choplin, animateur professionnel 2tonnes et co-dirigeant de l’Écosphère Aggelos : « La plupart des participants prennent conscience que ce n’est pas impossible de changer personnellement. Le plus dur, c’est le collectif. Mais par le jeu, on peut aborder des sujets complexes », relate-t-il. Depuis qu’il est devenu animateur, cinq participants se sont formés à leur tour. « Plus on est nombreux à le devenir, plus il y aura de personnes sensibilisées. »
Comme Sylvain, pour qui 2050 paraît loin mais proche à la fois. En tant que participant et animateur, « je souhaite continuer de m’instruire, de comprendre et je veux donner envie d’agir ». Grâce à cet atelier, il a découvert le pouvoir de l’influence : « D’en parler autour de soi, c’est finalement bien plus important que les éco-gestes », constate-t-il.
Anne-Laure partage cet avis. La jeune femme a participé à un atelier début décembre, avec son conjoint : « Au début, on s’est senti bons élèves car on cuisine végé, on n’a pas de voiture, on ne prend plus l’avion, mais en fait, il faut aller encore plus loin ». Et ça passe par la transmission, l’éducation, l’engagement militant, politique ou encore associatif. En effet, dans le cadre de l’atelier, ce sont ces choix qui réduisent le plus l’impact carbone.
Dimension individuelle et collective
Les différentes actions sont regroupées par thématique : alimentation, transport, énergie… Chacun doit se questionner sur les plus pertinentes en tant qu’individu, sans oublier la dimension collective. Sous forme de jeu de rôle, les participants peuvent incarner des décideurs au niveau national : le gouvernement, les collectivités, les entreprises. « Ils ont un budget limité entre les mains, des choix à faire et chaque scénario est unique », exprime Pierre-Alix Lloret-Bavai. « C’est l’addition de l’individuel et du collectif qui aura un impact sur le bilan carbone », poursuit Éloi Choplin.
Les ateliers 2tonnes sont accessibles à tous les âges. Aucune compétence ni connaissance n’est requise. L’outil est facile à utiliser pour que les participants puissent se l’approprier. « On voit qu’on peut agir à notre échelle, c’est rassurant ! », selon Sylvain. « Oui, c’est galvanisant car on prend conscience qu’on peut faire bouger les choses, mais le plus dur, c’est de modifier les habitudes des autres. C’est dans ma sphère familiale que j’ai le plus de boulot », ajoute Anne-Laure.
Le pouvoir du jeu, c’est de réussir à infuser une démarche positive, de mettre en place des actions qui vont dans le bon sens, d’ici 2050. Pour que les acteurs de la société deviennent les acteurs de la transition écologique. « Il faut réaliser qu’elle est nécessaire, profonde, encore possible – même si certains ne le croient plus – et souhaitable pour créer des modes de vie plus épanouissants », expose Pierre-Alix Lloret-Bavai, avec détermination.