Claude : “J’écris tous mes textes, ça me rend heureux”
Il a 25 ans, une moustache, des lunettes, un look fluet, un sweat adidas, accordé d’un pantalon à pince. On ne connaît pas son vrai prénom, mais uniquement celui qu’il donne sur scène : Claude. Avec ses sons électroniques et ses textes tantôt drôles, acides ou mélancoliques, il est venu se produire sur la scène du Krakatoa. Et c’est le nouvel artiste à suivre.
S’il donne l’impression d’un jeune artiste calme et posé, une fois sur scène, Claude entre dans la peau de son personnage. Celui d’un chanteur et compositeur passionné, qui qui a glissé vers la musique un peu par hasard. Rencontre avec celui qui a débuté en première partie d’Eddy de Pretto, avant de se représenter lui-même sur scène. Et ça claque !
C’est arrivé comment, la musique ?
J’écoutais beaucoup de musique, j’étais un très gros auditeur de mes 8 à 20 ans. La musique n’était pas du tout ma vocation, ni mon objectif, je ne connaissais personne dans ce milieu là jusqu’à mes 20 ans, où j’ai publié pour la première fois sur youtube. Quelqu’un qui était alors manager chez Universal m’a contacté en me disant qu’il y avait quelque chose d’intéressant, il m’a proposé qu’on se rencontre. Je suis au milieu de mes études. A partir de ce moment-là, j’ai commencé à rencontrer de plus en plus de monde grâce à cette personne qui m’a prise sous son aile, m’a fait connaître des labels, tourneurs, éditeurs… Je débutais à peine la composition, l’écriture. J’ai fini par signer en 2021-2022 en étant toujours étudiant, en suivant les cours de mon école en ligne, et le reste du temps, je créais de la musique. Jusqu’en janvier 2023, où j’ai commencé l’écriture et la composition de l’album, avant de rencontrer Alexis Delong, génie absolu de la composition et de la production, qui a coproduit et coréalisé tous les morceaux avec moi. En 2024, j’ai fait la première partie d’Eddy de Pretto pendant 6 dates. Le premier morceau de l’album est sorti début 2024, puis on a égrainé les morceaux au fur et à mesure de l’année, avant la sortie de l’album le 11 octobre.
Si tu n’étais pas prédestiné à la musique, quelles ont été tes inspirations ?
Je n’ai pas eu le déclic en voulant faire comme un artiste en particulier. J’ai toujours eu une fascination pour les gens qui s’exposent, peut-être dans une démarche d’égo, d’orgueil d’être écouté. Je voulais faire quelque chose qui soit en rapport avec ça. J’étais passionné par la musique, c’était ce qui comptait le plus pour moi, je passais mon temps à écouter, découvrir de la musique. Donc je pense que naturellement la connexion s’est faite entre les deux. Je me suis dit qu’il fallait vraiment que j’essaie. Et je l’ai fait de manière très peureuse, car à côté je continuais mes études, je n’ai pas fait le grand saut. Je n’ai pas pris un virage abrupt, mais tout doucement j’ai pris celui de la musique.
Tu écoutes quoi ?
Tous les genres me plaisent. MGMT, Gorillaz, Vegyn, Alpha One, Kendrick Lamar, Taylor… Mes grosse références étaient quand même la pop intéressante, de ceux qui essaient vraiment quelque chose, comme MGMT qui, d’un album à l’autre, s’amusait complètement. Quand j’étais plus jeune, j’écoutais beaucoup de soul et de funk. Dans le registre français, c’était plutôt le rap. Mais aussi beaucoup de genres british, américains, de la musique électronique au rap en passant par le rock avec Fontaines D.C., les Cure… J’avais des périodes où je passais six mois à me concentrer sur un genre, à aller fouiller tout ce que je pouvais écouter, ensuite je gardais mes morceaux préférés avant de partir sur autre chose. Ceux qui m’ont influencé personnellement c’est Mr Fingers en termes de house acid à MGMT dans le côté wave 80 mais très créatif.
C’est quoi l’univers Claude ?
J’ai l’impression d’écrire de manière ultra réaliste. C’est de la description et de l’auto analyse, sans solution, avec un côté très pessimiste, et en tension en quelque sorte avec des textes mais sur de la musique très électronique qui emprunte beaucoup à l’ambiante, à l’acide, au breakbeat… J’écris tous les textes, ça me rend heureux, j’aime beaucoup le faire, c’est mon truc à moi.
Quelles chansons en particulier par exemple ?
“Signes vitaux” parle du fait d’être hypocondriaque, c’était drôle de parler de ce sujet là car je suis extrêmement hypocondriaque. Cet album est celui de la présentation de défauts tabous sur moi-même, c’était un sujet qu’il fallait que j’aborde ! Ce morceau emprunte pas mal à la chanson française alors que je ne la connais pas, avec une production très électronique, presque sensuelle, malgré l’étrangeté du sujet, de quelqu’un qui passe ses journées en rendez-vous doctolib pour des problèmes qui n’existent pas. C’est un morceau que j’aime vraiment beaucoup.
“Addition” est le premier morceau que j’ai sorti, il parle de la peur de l’engagement dans un couple. Il était rapide à écrire car les couplets sont “j’ai peur/ j’ai peur si tu restes/j’ai peur si…” C’est une liste de peurs, sur une structure musicale en sept accords qui casse la manière dont un morceau est normalement construit.
“Baisodrome” aussi, qui est le morceau le plus léger de l’album. Il parle de la découverte de la sexualité, de toutes les angoisses qui viennent avec, la question de la puberté, le rapport à l’autre, où l’on ne se sent pas prêt, malgré la pression du groupe. Le morceau commence quand j’étais jeune adolescent, avant de devenir adulte. Il emprunte un peu dans le style à Mylène Farmer, même si je m’en suis rendu compte après. C’est un morceau un peu fluet, aérien, et en même temps électronique.
On se sent mieux, après avoir écrit un album ?
C’est assez agréable dans ce format de liste de défauts et de confessions. Comme la chanson “baisodrome”, pour laquelle j’ai su que toute ma famille allait l’entendre, au moins, c’est dit ! De la même façon que “addition” exprime d’emblée ma peur de l’engagement, ce n’est pas honteux, mais juste quelque chose que l’on ressent, donc autant en parler.
On l’écoute quand, Claude ?
Dans les transports, le lundi matin, puis le mardi, mercredi, jeudi, vendredi matin… Jusqu’au jeudi soir. La meilleure façon de l’écouter, c’est au casque, dans ses écouteurs, au milieu de plein de gens avec qui on a pas envie d’être et qui font la gueule. Ça permet de se mettre dans sa bulle.
“Bientôt la nuit”, Microqlima
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@claudecestclaude