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Mathilde Froustey, la nouvelle étoile de l’Opéra de Bordeaux

Mathilde Froustey, la nouvelle étoile de l'Opéra de Bordeaux

Après dix ans passés aux États-Unis, Mathilde Froustey a choisi de revenir danser sur ses terres d’origine. La nouvelle étoile de l’Opéra de Bordeaux vient tout juste de reprendre le chemin de la scène, après une grave blessure en juin dernier. Rencontre. Raphaëlle Orenbuch

 

Un retour fracassant 

Son retour à Bordeaux, Mathilde Froustey ne risque pas de l’oublier. Quelques semaines seulement après son arrivée de l’Opéra de San Francisco, la danseuse chute lors d’une séance d’entraînement. Résultat : un genou en vrac, une opération très douloureuse et, surtout, huit mois de rééducation qui l’empêchent d’assurer les ballets prévus en 2023. 

 

« Mon objectif, c’était de pouvoir danser Giselle à la fin de l’année, c’est un de mes rôles préférés », se souvient la danseuse. Mais à la mi-décembre, la douleur est toujours trop vive, Mathilde doit se faire opérer de nouveau et reporte son retour sur scène. « C’était un coup dur : ne pas danser, c’est une décision qu’on ne prend pas à la légère quand on est danseuse étoile », confie la jeune femme.

 

L’itinéraire d’une étoile

Étoile, Mathilde Froustey l’est devenue il y a une dizaine d’années, à l’Opéra de San Francisco. Avant de partir exercer son art outre-Atlantique, la danseuse a passé plusieurs années à l’Opéra de Paris où elle a fait ses classes. Des années d’adolescente à l’école de danse où règne une discipline de fer et dont elle ne garde pas un bon souvenir. « C’était très dur, je me souviens qu’on se mettait de la bande adhésive sur les seins pour cacher notre puberté », raconte la ballerine. 

 

Pourtant, rien ne la prédestinait à la danse. Née à Bordeaux en 1985, Mathilde Froustey grandit avec ses parents dans les Landes et s’adonne dès son plus jeune âge aux sports en tout genre. « J’étais un vrai garçon manqué, la danse, ça ne m’attirait pas du tout », sourit la Bordelaise. Sa mère l’inscrit finalement à un cours de danse classique « pour apprendre à se tenir droite » et la jeune fille se révèle dans cette activité qu’elle décide de pratiquer en sport études avant d’en faire son métier. 

 

Des années de rigueur et de discipline qui la poussent au plus haut niveau. Peu de danseurs réussissent en effet à atteindre le grade d’étoile. « C’est un titre qui confère beaucoup de responsabilités, certaines personnes viennent voir le spectacle juste pour te voir danser », explique Mathilde. Un titre qu’elle réussit à obtenir en partant au ballet de San Francisco en 2013. 

 

Maman solo à Bordeaux

Dix ans plus tard, la voilà donc de retour dans la capitale girondine, où elle a été nommée danseuse étoile en mai dernier. « J’ai toujours eu Bordeaux dans le cœur », confie-t-elle. Un retour sur ses terres avec, cette fois, un petit être humain dans ses bagages. Mathilde Froustey est aujourd’hui mère d’un petit garçon de deux ans, né aux États-Unis. Et la naissance de son fils a sans aucun doute conforté son désir de revenir en France. « J’avais envie de me rapprocher de ma famille et d’inscrire mon fils à l’école française », témoigne la jeune maman.

 

Sa maternité, Mathilde l’envisage comme un nouveau challenge. « Être maman solo, c’est déjà un acte féministe en soi ! », affirme la danseuse qui jongle entre son fils, entraînements, répétitions et spectacles. Aidée par une jeune fille au pair et une assistante maternelle, elle confie que devenir mère a forcément changé son rapport à la danse. « Avant, je m’entraînais jusqu’à avoir les pieds qui saignent. Avec un enfant, ce n’est plus possible », confesse l’étoile. 

 

Réussir à concilier la douceur d’une maman et la rigueur d’une danseuse, c’est donc l’un des défis qui l’attendent dans cette nouvelle vie bordelaise. En dehors de l’Opéra, Mathilde Froustey aimerait aussi s’engager dans la vie culturelle et associative bordelaise. Une des causes qui lui tient à cœur ? Le manque de diversité à l’Opéra de Bordeaux. Dans les prochains mois, la danseuse compte bien traîner ses chaussons dans les quartiers les plus défavorisés de la ville pour créer des vocations chez des jeunes filles souvent éloignées du monde de la danse classique.

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